Hiver 1814 by Michel Bernard

Hiver 1814 by Michel Bernard

Auteur:Michel Bernard
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2019-09-17T09:21:46+00:00


Neiges sur la vallée de l’Aisne

La nuit du 26 au 27 février au quartier général de l’Empereur fut très courte. Les jours précédents, Napoléon avait multiplié depuis Troyes les communications avec Flahaut, toujours à Lusigny, et ses chefs de corps aux prises avec les arrière-gardes ennemies. Parallèlement lui parvenaient les messages en provenance des autres fronts. Celles montées de Lyon, où Augereau avait enfin engagé la contre-offensive, étaient encourageantes. Il avait repoussé Bubna jusqu’à Genève et repris le contrôle de la vallée de la Saône. En revanche, au centre de la Champagne, Blücher avait non seulement rallié les corps de Sacken et Yorck récemment étrillés sur la Marne, mais avait reçu le renfort du corps entier de Langeron. Avec près de cinquante mille hommes, il semblait se diriger à nouveau vers Paris. Plus au nord, Maison avait eu beau se démener entre Flandres et Brabant en déplaçant sa petite armée au gré des menaces, il n’avait pu indéfiniment retenir l’invasion. Détachés de l’armée de Bernadotte, le général Bülow et son corps prussien de dix-sept mille hommes, les généraux Witzingerode et Woronzoff, et leurs divisions russes fortes de vingt-six mille hommes, étaient en train de tracer leurs sillons calamiteux dans les plaines du nord de la France. Ils avaient pénétré la Picardie, ce que Blücher n’ignorait pas. Remis de ses échecs, revanchard, le reître avait repris sa marche obstinée vers l’ouest, par Sézanne et la vallée du Grand Morin, et cherchait à se venger sur Marmont et Mortier. Une prompte retraite avait soustrait les deux Français à la destruction. Ils avaient fait converger leurs lignes de repli à La Ferté-sous-Jouarre et se trouvaient maintenant devant Meaux où ils attendaient Napoléon. Dans les boucles tourmentées de la Marne et sur les bords encaissés de l’Ourcq, leurs quatorze mille soldats habilement disposés, ils pouvaient bloquer pendant plusieurs jours l’accès à Paris, délai suffisant pour permettre au gouvernement d’acheminer des renforts et à l’Empereur de faire son retour.

Il quitta Troyes au matin du dimanche 27 février, en secret. Macdonald et Oudinot restaient, le second, à son déplaisir, sous l’autorité du premier. Ils retiendraient le plus longtemps possible Schwarzenberg en entretenant l’illusion sur la réalité de leurs forces : trente mille soldats, moins du tiers de l’effectif de l’adversaire. À Augereau, il demanda de concentrer ses troupes afin de menacer depuis la Bourgogne les arrières de l’armée de Bohême. Flahaut entretiendrait à feu doux la négociation d’un éventuel armistice, au cas où, et Caulaincourt ferait durer les pourparlers de paix à Châtillon, tout en laissant croire que l’Empereur était toujours à Troyes. Ces dispositions prises, Napoléon emboîta d’un cœur confiant le pas des trente-cinq mille hommes partis la veille avec Victor et Ney vers la vallée de la Marne. Blücher, il en était persuadé, lui offrait encore une fois sur le plateau briard l’occasion d’une victoire, celle qui peut-être achèverait de décourager les Alliés. Les troupes du feld-maréchal avaient marché trop lentement pour accrocher celles du duc de Raguse, mais suffisamment pour être aventurées très avant dans le territoire tenu par les Français.



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